Forte hausse des inscriptions à France Travail (Pôle emploi), crise en vue ?

Le premier trimestre 2025 aura réservé une mauvaise surprise pour le marché de l’emploi en France. Selon les chiffres publiés ce lundi par la Dares (service statistique du ministère du Travail), le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à France Travail (ex-Pôle emploi) en catégorie A (sans aucune activité) a bondi de 8,7 %, atteignant 3,4 millions de personnes. Une hausse spectaculaire qui soulève autant de préoccupations que de débats.

Des chiffres gonflés par la réforme du RSA

À première vue, cette envolée du nombre d’inscrits pourrait faire craindre un retournement brutal de la conjoncture économique. Mais la Dares invite à la prudence. Ce « choc statistique » serait en grande partie lié à la réforme du RSA entrée en vigueur début janvier 2025, imposant l’inscription automatique des bénéficiaires du RSA et des jeunes suivis par les missions locales sur les listes de France Travail.

En parallèle, la réforme a modifié les procédures d’actualisation : les nouveaux demandeurs doivent signer un contrat d’engagement pour valider leur situation, ce qui retarde les sorties administratives habituelles et grossit artificiellement les chiffres. En neutralisant ces effets techniques, la hausse réelle du chômage serait limitée à 0,8 % en catégorie A, selon la Dares — un chiffre bien moins alarmant.

Une dynamique de contrôle renforcée

La montée des inscriptions survient également alors que France Travail met en œuvre un système de contrôle renforcé de la recherche d’emploi, issu de la loi « plein emploi ». L’objectif est ambitieux : contrôler 1,5 million de personnes par an d’ici 2027. La réforme prévoit désormais des sanctions plus rapides pour les demandeurs d’emploi ne respectant pas leurs obligations, notamment les bénéficiaires du RSA.

Pour certains experts, ce nouveau système pourrait décourager certains publics fragiles et les éloigner durablement du marché du travail, renforçant ainsi les effets pervers du chômage de longue durée.

Des inquiétudes sur la réalité économique

Malgré l’effet amplificateur des réformes administratives, plusieurs signaux faibles inquiètent les économistes. En incluant les demandeurs d’emploi en activité réduite (catégories B et C), la hausse atteint 4,5 % en un trimestre, pour un total de 5,7 millions d’inscrits.

Le ralentissement économique mondial, la persistance de l’inflation sur certains secteurs et les difficultés rencontrées par les jeunes sur le marché du travail pourraient expliquer une part de cette augmentation.
« Même corrigés des effets de la réforme, les chiffres traduisent un léger essoufflement du marché de l’emploi en France », note un analyste du cabinet Asterès.

Une crise sociale en gestation ?

Pour l’instant, le gouvernement tempère. La ministre du Travail assure que la hausse est « transitoire et maîtrisée », et qu’il faudra attendre les chiffres du deuxième semestre pour mesurer la dynamique réelle.

Sur le terrain, cependant, l’inquiétude grandit. Les agences France Travail signalent déjà une saturation des services et une montée du découragement chez les demandeurs d’emploi, notamment parmi les jeunes et les allocataires du RSA récemment inscrits.

La forte progression des chiffres, même largement attribuable aux évolutions administratives, interroge : derrière les statistiques corrigées, une nouvelle crise sociale pourrait-elle se profiler ?

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