Bill Gates va donner 111 000 000 000 de dollars
Bill Gates ne veut pas mourir riche. À 69 ans, le cofondateur de Microsoft a annoncé dans un billet de blog émouvant sa décision de céder 99 % de sa fortune personnelle – estimée à 113 milliards de dollars – à la Fondation Bill & Melinda Gates, qu’il a fondée en 2000 avec son ex-épouse. Une promesse qui incarne un tournant définitif dans sa vie, et sans doute dans l’histoire contemporaine de la philanthropie.
« Quand je mourrai, les gens diront beaucoup de choses sur moi. Mais je suis déterminé à ce que ‘il est mort riche’ n’en fasse pas partie », a-t-il écrit.
Une mission urgente avant la fin
Cette décision marque également le compte à rebours avant la fermeture de sa fondation, prévue pour 2045. Vingt ans pour agir. Vingt ans pour injecter, selon ses propres projections, plus de 200 milliards de dollars dans des projets à fort impact mondial.
Trois axes prioritaires ont été définis :
- l’éradication des maladies infantiles évitables,
- la lutte contre les épidémies infectieuses comme le paludisme ou la rougeole,
- la réduction massive de la pauvreté.
« Il ne s’agit pas seulement de donner, il s’agit de le faire maintenant, tant que cela peut faire la différence », a-t-il déclaré dans une interview à la BBC. Il affirme qu’une fondation perpétuelle aurait certes été plus confortable, mais moins efficace : « Il y aura d’autres milliardaires après moi, mais les besoins urgents sont là, aujourd’hui. »

Une fortune dirigée, pas dilapidée
La répartition de son patrimoine a été soigneusement pensée. Une petite partie ira à ses enfants – « suffisamment pour qu’ils réussissent, mais pas assez pour qu’ils n’aient rien à faire », dit-il souvent. Une autre fraction restera affectée à ses besoins personnels. Le reste, soit plus de 111 milliards de dollars, sera versé progressivement dans les caisses de la fondation.
Ces sommes colossales proviennent en grande partie de Cascade Investment, la société de gestion de fortune créée par Gates, qui détient des participations dans des entreprises majeures comme les chemins de fer canadiens ou Ecolab. Son portefeuille liquide, selon Bloomberg, s’élève à 79,4 milliards de dollars.
Une philosophie inspirée du « Gospel of Wealth »
Gates revendique l’héritage moral d’Andrew Carnegie, magnat de l’acier au XIXe siècle, qui affirmait dans son essai The Gospel of Wealth : « L’homme qui meurt riche meurt déshonoré. » Une maxime que Gates a fait sienne. Il cite également l’influence de son ami Warren Buffett, co-signataire avec lui du Giving Pledge, qui incite les milliardaires à donner au moins la moitié de leur fortune de leur vivant.
Mais cette générosité n’est pas sans critiques. Des voix s’élèvent pour dénoncer l’influence excessive de la Fondation Gates sur les politiques de santé publique, notamment en Afrique. Certains observateurs y voient un levier de soft power occidental, masqué par une façade de bienveillance.
Un désaccord public avec Elon Musk
Interrogé sur les réductions drastiques des aides américaines à l’international, Gates n’a pas hésité à critiquer Elon Musk, qu’il accuse d’avoir contribué indirectement à la mort de millions d’enfants en soutenant des coupes budgétaires. Il cite notamment l’annulation d’une subvention pour un hôpital au Mozambique, ciblé à tort par des rumeurs liant ses programmes de santé au Hamas.
« Ce que Musk a fait est grave. Des mères ne pourront plus protéger leurs enfants contre le VIH. Ce sont des décisions de vie ou de mort », a-t-il déploré.
La fin d’une ère, le début d’un legs
La Fondation Bill & Melinda Gates, qui a déjà distribué plus de 100 milliards de dollars, s’apprête donc à doubler cet effort en deux décennies. Une dernière mission que Gates considère comme le couronnement de sa vie.
« Je n’ai jamais cru qu’accumuler était un but. Créer, transmettre et réparer le monde, en revanche, oui. »
Alors qu’il s’apprête à franchir le cap des 70 ans, Bill Gates n’est plus seulement l’homme qui a changé l’informatique. Il veut être celui qui, dans ses mots, « aura utilisé son privilège pour alléger les souffrances humaines ».
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