Meurtre dans une mosquée du Gard : le flou levé
Quatre jours après le meurtre d’Aboubakar Cissé dans la mosquée Khadidja. Cet acte de violence brutale, survenu vendredi 25 avril au matin, continue de soulever de lourdes interrogations judiciaires, politiques et sociétales.
Le principal suspect, Olivier H., 20 ans, de nationalité française et d’origine bosnienne, s’est rendu aux autorités italiennes après trois jours de cavale. Dans une première déclaration, il a nié avoir agi par haine de l’islam, affirmant avoir tué « la première personne qu’il avait trouvée ». Mais les éléments de l’enquête, notamment une vidéo glaçante filmée par l’assassin lui-même, dressent un tableau bien plus sombre.
Un meurtre prémédité
Selon les autorités, l’attaque s’est produite vers 9h30 dans la mosquée de La Grand-Combe, où Aboubakar Cissé, 23 ans, jeune Malien, priait seul. Sur les images de vidéosurveillance, on voit Olivier A. approcher la victime avant de l’agresser avec une extrême violence, lui portant près d’une quarantaine de coups de couteau.
Le suspect aurait ensuite filmé la scène avec son téléphone, proférant des propos explicitement antimusulmans, avant de diffuser la vidéo sur Snapchat. Cette séquence macabre a renforcé la qualification retenue par la justice : meurtre avec préméditation et circonstance aggravante liée à la race ou à la religion.

Une cavale internationale
Peu après le crime, Olivier H. avait fui vers l’Italie. Sa trace avait brièvement été repérée dans l’Hérault, avant que les enquêteurs ne perdent sa piste. Dimanche 27 avril au soir, il s’est rendu dans un commissariat de Pistoia, près de Florence. Son extradition vers la France est en cours, mais pourrait prendre plusieurs jours.
La procureure de Nîmes, Cécile Gensac, a précisé que des investigations complémentaires étaient en cours, notamment pour déterminer si des complices ont pu aider le suspect dans sa fuite.
Polémique autour du terme « islamophobie »
Sur le plan politique, l’affaire divise profondément. Si le Premier ministre François Bayrou a évoqué un « crime islamophobe ignoble », d’autres membres du gouvernement, comme le ministre des Outre-mer Manuel Valls, refusent d’utiliser ce terme, jugeant son usage problématique. Cette controverse ravive un débat ancien sur la reconnaissance institutionnelle de l’islamophobie en France.
Pendant ce temps, dans la rue, la colère et l’émotion ne faiblissent pas. À La Grand-Combe, une marche silencieuse a rassemblé plusieurs centaines de personnes dimanche pour rendre hommage à Aboubakar Cissé. Les fidèles de la mosquée Khadidja, eux, appellent au calme et à la résilience : « Nous n’avons pas peur. Nous continuerons à prier, plus unis que jamais », témoigne Moussa, un fidèle.
Un climat de tensions inquiétantes
Le drame de La Grand-Combe s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes autour des lieux de culte musulmans en France. L’attaque a rappelé de douloureux précédents et soulève de nouvelles inquiétudes quant à la sécurité des fidèles et des mosquées.
Dans un geste de solidarité, le consul général du Mali à Lyon s’est rendu sur place pour présenter les condoléances du peuple malien, soulignant « l’élan de compassion » manifesté par l’ensemble de la communauté locale.
Le juge d’instruction désigné à Nîmes devra désormais répondre à de nombreuses questions : Olivier H. a-t-il agi seul ? Son acte relève-t-il d’un projet de tueur en série, comme certaines vidéos diffusées avant et après le meurtre semblent le laisser penser ? Le procès qui s’annonce, s’annonce lourd de portée symbolique.
Dans cette petite ville du Gard, meurtrie mais digne, une certitude s’impose : la haine a frappé, mais elle n’a pas gagné.
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