Coupure géante : l’Espagne dans le noir
Avant-hier, l’Espagne s’est retrouvée confrontée à l’une des plus graves pannes électriques de son histoire récente. Dès 16h42, une large partie du territoire national — de la Catalogne à l’Andalousie — a été brusquement privée d’électricité, plongeant des millions de foyers, d’entreprises et de services publics dans l’obscurité.
Selon Red Eléctrica, le gestionnaire du réseau électrique espagnol, l’origine de la panne serait liée à un dysfonctionnement majeur dans plusieurs centrales électriques stratégiques, notamment en Castille-La Manche et en Aragon. Les premières analyses évoquent une « défaillance en cascade » provoquée par une surtension soudaine sur une ligne de transport haute tension, exacerbée par une vague de chaleur inhabituelle pour la saison.
Un pays paralysé en quelques minutes
Dans les grandes villes, le chaos n’a pas tardé. À Madrid, les transports en commun ont été paralysés : métros bloqués sous terre, tramways figés en plein croisement, ascenseurs immobilisés. Les hôpitaux ont dû activer leurs générateurs de secours ; certaines interventions chirurgicales programmées ont été reportées. Dans les aéroports, des centaines de vols ont subi retards et annulations, tandis que le contrôle aérien passait temporairement en mode manuel.

Les commerces, pris de court, ont fermé prématurément, et la population s’est précipitée pour acheter des bougies, des lampes de poche et des batteries, vidant en quelques heures les rayons des supermarchés. Des scènes de solidarité ont également émergé : dans certains quartiers, les voisins ont partagé les ressources et veillé sur les personnes âgées ou isolées.
Impact économique massif
Les premières estimations font état de pertes économiques supérieures à 1,2 milliard d’euros pour cette seule journée. Les secteurs les plus touchés : l’industrie, le tourisme, la grande distribution et les services bancaires.
« Nous avons connu un black-out total sur nos chaînes de production pendant plus de six heures », témoigne Laura Muñoz, directrice d’une usine automobile à Valence. « Les pertes en machines endommagées sont encore en cours d’évaluation. »
Le gouvernement sur le qui-vive
Le président du gouvernement, María Sánchez, a convoqué une réunion d’urgence au palais de La Moncloa dans la soirée. Dans une allocution télévisée, elle a assuré que « tout est mis en œuvre pour restaurer une alimentation électrique fiable » et a promis une enquête « rapide, transparente et exhaustive ».
La ministre de la Transition écologique a, de son côté, rappelé que les infrastructures électriques espagnoles, en pleine transition vers des énergies renouvelables, doivent « impérativement être modernisées » pour éviter de futures crises.
Une cellule de crise a été mise en place pour évaluer les responsabilités, notamment en ce qui concerne la maintenance des centrales, certaines exploitations ayant été pointées du doigt pour leur vétusté.
L’onde de choc européenne
L’Espagne n’est pas seule à ressentir les effets de la coupure. La France, le Portugal et même certaines parties de l’Italie ont connu des perturbations temporaires de leur propre réseau en raison de l’interconnexion électrique européenne.
L’Agence de coopération des régulateurs de l’énergie (ACER) a déjà annoncé l’ouverture d’une enquête commune à l’échelle de l’UE.
Une alerte pour l’avenir
Experts et climatologues rappellent que de tels événements pourraient devenir plus fréquents avec la montée des températures mondiales. Le réseau électrique européen, de plus en plus interconnecté mais aussi plus vulnérable face aux phénomènes climatiques extrêmes, devra être renforcé.
Pour les Espagnols, cette journée restera gravée dans les mémoires : un avertissement sévère sur les fragilités de nos sociétés modernes.
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